La femme adultère
Publié le dimanche 10 avril 2011 - modifié le 30/05/11 - Comtemplations - 3737 lectures
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La scène se passe au petit matin. La ville s'éveille lentement.
On sait que Jésus sera au jardin des Oliviers pour enseigner. La foule se rassemble.
C'est alors qu'un évènement imprévu vient troubler le calme et le silence.
C'est l'histoire d'une femme 
On amène une femme une femme à Jésus. Elle a été prise en flagrant délit d'adultère !
Il faut imaginer la violence de la scène : ce n'est pas une visite de courtoisie !
Les Scribes et les Pharisiens viennent semer le trouble, on crie, on la pousse sans ménagement !
On en fait un animal de foire, peut-être même qu'on la jette à terre au pieds de Jésus en l'accusant !
En fait, nous n'en savons rien, l’Évangile reste sobre sur les détails de cette arrivée, alors que ça a dû être tumultueux !
Imaginons les sentiments de cette femme :
La peur, la honte, la culpabilité, l'humiliation d'être exhibée, le sentiment d'être perdue, le désespoir,
Peut-être aussi tout le poids de souffrance qui l'a conduite dans les bras d'un autre homme que son mari.
Quel regard portons-nous sur cette femme ? Quelle est notre première pensée ?
"Pauvre femme ?", "Elle a ce qu'elle mérite ?", "C'est bien fait pour elle !", "Ça devait bien finir par arriver !"...
Le piège
Les Scribes et les Pharisiens utilisent cette femme et sa situation pour piéger Jésus.
La loi de Moïse condamne les femmes qui commettent l'adultère (pas les hommes !) à la mort par lapidation !
La question tombe : "Toi, Jésus, que dis-tu ?"
Si Jésus demande d'appliquer la loi mosaïque, Il condamne à mort cette femme.
Mais surtout, il irait à l'encontre de la loi de l'occupant Romain, qui se réserve l'exclusivité du droit de vie et de mort.
En répondant ainsi, Jésus prendrait la casquette du révolutionnaire politique et nationaliste,contre l'occupant.
Si Jésus demande la clémence pour cette femme, c'est contre la loi de Moïse qu'il se positionnerait et donc contre le temple et ses dirigeants.
Dans les deux cas, Jésus se positionnerait en idéologue, en révolutionnaire contre un pouvoir politique ou religieux, un fanatique.
Mais Jésus reste silencieux !
Dieu seul
Son silence met en évidence l'absurdité de la question des Scribes et des Pharisiens.
Qui sommes-nous pour juger le cœur de nos frères ? Qui plus est sur les apparences, sur le peu que nous voyons et connaissons !
Evidemment, chacun d'entre nous serait prêt à dire : "l'adultère, le mensonge, la malhonnêteté, le vol, ce n'est pas bien ! ".
Mais face à celui ou celle qui a commis cela, que pouvons-nous dire sans devenir des juges implacables ?
Par son silence, Jésus nous rappelle une première chose : Dieu seul peut juger, jauger, évaluer
Le cœur, les actes, la conscience, la foi d'un homme en toute justice !
Alors ayons la sagesse de rester humbles face à la dignité de l'autre, même défigurée, et de ne pas être trop prompts à juger !
Car souvent, nous ne savons rien des chemins intérieurs, des souffrances, des difficultés qui mènent telle personne dans telle situation, en apparence condamnable.
Peut-être cette femme était-elle spoliée, battue, humiliée par son mari.
Peut-être que dans un moment de souffrance, elle s'est laissé aller à la tendresse et au réconfort
Dont elle avait besoin pour survivre. Nous n'en savons rien !
L'orgueil de la jeunesse
Puis il a cette parole, efficace : "que celui qui n'a jamais commis de mal lui jette la première pierre."
Et les anciens partent les premiers, nous dit le texte d'évangile.
Avons-nous assez vécu pour savoir de nous-mêmes que nous sommes capables du meilleur comme du pire ?
Il faut malheureusement souvent patauger dans son propre péché et faire l'expérience d'être pardonné pour en prendre conscience !
La jeunesse est orgueilleuse et idéaliste. C'est injuste mais c'est comme ça, c'est la vie !
Jésus nous rappelle une deuxième chose ici : On ne peut pas réduire l'autre à son péché, à ses défauts, à ce que nous n'aimons pas de lui.
L'autre est toujours plus grand et plus digne que ce que nous voyons et savons de lui.
Je nous souhaite à tous cette sagesse de nous sentir solidaires dans le combat contre le mal en nous et autour de nous,
Et de nous soutenir les uns les autres lorsque nous tombons.
Foi et morale
Et Jésus pose son regard sur cette femme. Personne ne l'a condamnée, lui non plus.
"Va, et ne pèche plus", lui dit-il. Il ouvre devant elle un nouveau chemin de vie.
Le Christ nous rappelle une troisième chose : la norme morale ne fait pas la foi, ni l'amitié avec Dieu.
Le chemin avec Dieu, c'est une histoire de rencontre, d'amitié.
Pour se convertir, il faut tout d'abord accepter de se laisser rencontrer par le Christ.
Ensuite, seulement, nous pourrons joyeusement inventer la vie qui va avec cette rencontre !
Mettre la morale avant la foi ne peut faire de nous que des gens rigides et sans charité.
Conclusion
Alors, je nous souhaite à tous d'avoir la sagesse :
- De placer nos vies sous le regard d'amour et de miséricorde de Dieu,
- D'être bienveillants, tendres, solidaires avec nos frères,
- De ne pas crisper nos vies sur une somme de préceptes trop lourds à porter
- Mais d'inventer joyeusement une vie en adéquation avec notre amitié au Christ ressuscité.